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La guerre : 1915 – 1916

1°) du 3 aout au 3 octobre 1915

Malgré son désir de retourner au front, Auguste Marcot est envoyé en Algérie. Cette décision peut se comprendre. En effet l’armée française est « saignée à blanc ». Elle a besoin de recruter dans ces réservoirs humains que sont les colonies. Et pour cela il lui faut de bons instructeurs. Auguste en est un : il a l’expérience du Maroc et son sens pédagogique a été maintes fois souligné.

Nous n’avons aucun document relatant les faits du capitaine Marcot. Seules les cartes postales envoyées à sa famille nous apprennent qu’il était à Philippeville jusqu’au 31 juillet, puis à Constantine jusqu’au 3 octobre.

Il a fait du bon travail si l’on en juge par l’appréciation de son supérieur :

Nommé Capitaine le 5 mai 1915. A rejoint la portion d’Algérie le 3 août 1915. Est bien à sa place à la tête d’une compagnie de tirailleurs. S’occupe beaucoup de ses hommes tant au point de vue de l’instruction qu’à celui de leur bien-être. Très allant. Produit une très bonne impression. Désirait beaucoup retourner sur le front.

Le 2 octobre 1915, Constantine, le Lieutenant Colonel LAURENT, Commandant la portion d’Algérie.

2°) du 13 octobre au 9 juillet 1916

C’est par une carte postale envoyée le 13 octobre 1915 que nous savons que Auguste Marcot est capitaine au 7ème régiment de marche de tirailleurs, 16ème compagnie, secteur 109. Nous n’avons pas pu trouver trace d’un JMO qui relaterait les mouvements et les actions de cette compagnie.

Voici l’appréciation du Lieutenant Colonel Demetz, Chef de Corps du 7ème régiment de Marche de Tirailleurs :

Arrivé le 13 octobre au régiment, a produit la meilleure impression. Très vigoureux, très allant, ayant une expérience approfondie de l’énergie, de l’autorité. Excellent instructeur, payant de sa personne et s’occupant beaucoup de sa compagnie. Sentiments militaires des plus élevés. En résumé, excellent capitaine.

30 décembre 1915, le Lieutenant Colonel DEMETZ

Pendant l’hiver, la Division Marocaine va reconstituer ses forces dans la région du sud de Verberie, entre la forêt de Compiègne et celle d’Halatte (d’après l’Historique du 7ème RTM de 1915 (site vinny03).

Dans les renforts qui complètent les unités, se trouve la compagnie commandée par Auguste.

Le 26 octobre 1915, d’après l’Historique du 7ème RTM de 1915, Librairie Militaire CHAPELOT (site vinny03), la Division Marocaine participe à une prise d’armes du 2ème Corps d’armée coloniale et elle a l’honneur d’être passée en revue par le Président de la République et le Roi d’angleterre.

Pendant le mois de janvier 1916, l’entraînement du régiment se poursuit dans la région de Mortefontaine, Taillefontaine, au nord de la forêt de Retz. Le 17 janvier, après qu’un nouveau déplacement l’a amené au sud-ouest de Villers-cotterets, le 7ème de Marche est réduit à trois bataillons :–         2ème bataillon du 2ème Tirailleurs–         3ème bataillon du 6ème tirailleurs–         4ème bataillon du 7ème Tirailleurs

En février 1916, Auguste envoie des cartes postales de Beauvais.

L’Oise

Extrait de l’historique du 7ème RMT, Librairie militaire CHAPELOT (en gras, ce qui concerne Auguste Marcot) :

Le secteur de Ribécourt

Une offensive ennemie est imminente. Peut-être le canon qui tonne à Verdun n’est-il qu’une diversion ? Le Boche ne va-t-il pas essayer une nouvelle ruée sur Paris ? Aussi la Division Marocaine reçoit-elle une place d’honneur, le secteur compris entre Ribécourt et Lassigny, barrant la trouée de l’Oise et la route de la capitale.

Le 7ème Tirailleurs occupe les derniers mamelons du massif de Thiescourt et garde la vallée elle-même, tenant les ruines de Ribécourt.  Au moment où il monte en ligne, relevant le 311ème territorial, se déclenche la formidable attaque de Verdun.

Tandis que la région du camp retranché est le théâtre des combats qui sont entrés dans l’histoire, les autres secteurs du front conservent un calme relatif. Celui de Ribécourt ne fait pas exception, l’ennemi est médiocrement mordant, la lutte d’artillerie peu vive et localisée.

Mais pour alimenter en hommes la bataille, les troupes en ligne doivent tenir sans relève et sans repos. Le secteur est réorganisé presque complètement, de nouveaux boyaux sont creusés et sur les pentes de la côte 113, sous le couvert de bois, un nouveau centre de résistance est créé de toutes pièces. Ces améliorations et l’entretien des ouvrages existants nécessitent un labeur acharné de jour et de nuit qui ne devait prendre fin qu’à la relève du régiment.

Le 7ème Tirailleurs est, à ce moment, commandé par le lieutenant colonel Schuhler, qui a remplacé le lieutenant colonel Demetz promu du grade supérieur et commandant la 1ère Brigade Marocaine.

Tous les bataillons sont en ligne. Le 4ème bataillon tient Ribécourt et les bords de l’Oise ; le 3ème bataillon est retranché solidement sur la côte 113, le 2ème bataillon occupe des abris sous bois et fournit la ligne de résistance en face de Dreslincourt.

Heureusement le pays est charmant. Les prés, les vergers et les bois sont parés de grâces printanières, qui font oublier la monotonie de la vie des tranchées. La somnolence du secteur est interrompue le 5 mai par une opération d’un groupe offensif du régiment sur le « Nase Stellung », tranchée du saillant de Dreslincourt.

38 tirailleurs commandés par le sous-lieutenant Chassier attaquent à 21H15, après une rapide préparation d’artillerie, le poste allemand faisant face à notre poste des Pommiers. Les hommes, progressant derrière les derniers éclatements de 75, sautent dans les tranchées allemandes, abattent deux sentinelles et pénètrent dans les abris. Leurs occupants se défendent, ils sont tués à la grenade ou au revolver. Deux prisonniers restent entre nos mains. Pendant le retour du détachement, ils tentent de s’enfuir et l’un d’eux blesse grièvement le lieutenant Chassier. Ils sont abattus et le groupe offensif rentre dans ses lignes ramenant  ses blessés.

L’ennemi ne tente pas de riposte, le secteur s’apaise et les travaux d’organisation continuent.

Le 25 mai, le lieutenant colonel Schuhler, promu colonel, prend le commandement de la 2ème Brigade Marocaine. Le lieutenant colonel Schultz le remplace à la tête du 7ème tirailleurs.

Le 16 juin, le régiment est relevé par le 33ème territorial et, après un court séjour à Grand-Fresnoy près d’Estrées-Saint-Denis, il s’embarque le 20 à Chevrières pour prendre part aux opérations de la Somme.

La Somme

Le Santerre est le théâtre d’une fiévreuse activité. Des villes de baraquement prolongent les villages et abritent les troupes massées pour l’attaque. De multiples voies ferrées conduisent à leur poste de tir les engins de l’A.L.V.F., ou répartissent entre les dépôts les torpilles et les obus. Chaque ravin recèle une accumulation de projectiles. Les convois automobiles se suivent nuit et jour sur les routes poudreuses, transportant les hommes et le matériel, tout ce qu’il faut pour alimenter en force vive ou aveugle la bataille.

Une artillerie puissante est massée dans le secteur d’attaque. La rareté des positions de tir dans cette région de plateaux unis, séparés par quelques ravins abrupts, provoque une concentration formidable aux endroits favorables. Notre A.L.P.G.  fait son entrée en scène. La puissance de ce matériel, l’importance des stocks de projectiles emplissent les soldats d’un joyeux étonnement et leur donnent une confiance absolue dans le succès de l’opération.

La Division Marocaine est rattachée au 1er Corps colonial qui prolonge, au sud de la Somme, l’offensive du 20ème Corps et de l’armée anglaise. Dès le 23 juin, elle relève dans le secteur d’attaque le 23ème colonial. Pendant que le 3ème bataillon garde devant Dompierre les premières lignes, les deux autres bataillons exécutent sur le terrain les travaux préparatoires. L’action de notre artillerie commence bientôt. L’intensité de la préparation dépasse beaucoup celle réalisée en Champagne. Dompierre n’est pas démoli, mais écrasé, supprimé, anéanti, et les tranchées allemandes se nivellent sous une avalanche d’acier.

Les tirailleurs, spectateurs de cette destruction, brûlent de prendre part à un assaut si bien préparé. Mais tel n’est pas leur rôle. Les coloniaux les relèvent dans la nuit du 24 et la Division Marocaine reste en réserve près de Proyart puis de Chuignes, tandis que le 1er juillet, le 1er Corps Colonial attaque Dompierre et Becquincourt et atteint rapidement ses objectifs.

La bataille de la somme est lancée le 1er juillet 1916. Ce jour-là, sa petite fille Colette fête ses deux ans.

La Division Marocaine intervient à partir du 4 pour continuer l’effort des troupes d’assaut arrêtées à l’ouest de Belloy et de Barleux. Mais les conditions du combat ont changé. La profondeur de la progression rend très précaire l’appui de l’artillerie. L’ennemi, un instant bousculé, s’est ressaisi ; il a creusé dans les hautes cultures des éléments de tranchées qui, échappant au repérage, ont peu à souffrir de nos obus.

Extrait du JMO du 3ème bataillon (ce n’est pas le bataillon d’Auguste mais il est fait mention du 7ème Tirailleurs) :

Le 4 juillet, à 16H, les capitaines adjudants majors sont appelés près du colonel où ils reçoivent ses instructions pour opérer une reconnaissance immédiate en vue de la relève du 23ème Colonial dans la nuit.

Auguste Marcot était capitaine adjudant major, précision lue sur son acte de décès.

La fonction d’adjudant major a été créée en 1790. Elle était attribuée à un capitaine qui doit s’occuper des détails administratifs, de l’instruction et de la discipline du bataillon.

Pendant la Grande Guerre, les adjudants majors effectuaient des reconnaissances et servaient d’agents de liaison.

Dans la citation attribuant la légion d’honneur à Auguste Marcot, on sait qu’il a été blessé le 5 juillet lors d’une reconnaissance périlleuse. C’est sans doute cette reconnaissance dont parle le JMO pour la relève du 23ème Colonial. Cette reconnaissance réalisée en fin d’après-midi mais en plein jour (c’est l’été) a dû être effectuée sous un bombardement puisqu’il a reçu un éclat d’obus.

Le 5 juillet 1916, Auguste entre à l’hôpital d’évacuation 13 SP 111. Blessure inguinale.

Auguste Alphonse Marcot, Capitaine adjudant major au 7ème régiment de Tirailleurs, Division marocaine, décède le 9 juillet 1916 à l’hôpital d’évacuation N°13, 6ème armée, à Marcelcave, lieu-dit Les Buttes  (Somme)

A l’hôpital d’évacuation 13 SP 111. Entré le 5 juillet 16

– Procès-verbal de constatation de décès délivré par Charles Henri Albert Veyre, officier d’administration gestionnaire de l’hôpital d’évacuation N° 13, 6ème armée, et les infirmiers Henry Mosnier et Lucien Charbonnet

– Extrait de l’acte de décès délivré par Paul François Bodard, Officier d’administration de 1ère classe gestionnaire de l’hôpital d’évacuation N° 13 : « Mort pour la France, à Marcelcave, Les Buttes, Somme »

Après la désorganisation des secours de l’année 1914, on commença à créer courant 1915 des H.O.E., Hôpitaux d’évacuation. D’après La Grande Guerre racontée par les combattants (Ed. Aristide Quillet 1922), en plein champ, loin d’une agglomération, à proximité d’une ligne de chemin de fer à laquelle il était raccordé par un embranchement spécial, l’HOE était une sorte de ville où l’on pouvait soigner de 1500 à 2000 blessés graves. A l’entrée, les blessés étaient reçus dans une salle de triage, où un médecin de garde les examinaient et passait l’inspection des papiers. Dans une grande enveloppe en papier fort étaient enfermés les fiches de renseignements. Des chambres étaient réservées aux officiers. A côté de l’HOE se trouvait un grand cimetière.

L’HOE de Marcelcave, où fut soigné Auguste, était composé de baraquements en bois à proximité du cimetière. Entre l’hôpital et la voie ferrée, un important complexe militaire avait été édifié où se trouvaient des dépôts de vivres, de munitions, d’artillerie…

Aujourd’hui, à l’emplacement de l’HOE, se trouve une nécropole militaire, la nécropole française de Marcelcave, nommée également cimetière national des Buttes. D’une surface de 11743 m2, elle contient 1610 corps.

Deux photographies représentent deux sépultures provisoires différentes de Auguste Marcot. La première a sans doute été creusée dans le cimetière proche de l’HOE, dès le jour de sa mort. Le lieu de la deuxième sépulture n’est pas localisé mais la famille a pu s’y recueillir puisque des couronnes sont visibles : à notre père, à notre frère.

La sépulture définitive se trouve à Remiremont dans le caveau familial des Dupays, famille de Lucie.

« Le lieutenant colonel et le régiment ne peut que s’associer aux mots élogieux qui n’ont cessé d’accompagner cet officier durant toute sa carrière, et déplorer la mort du Capitaine Marcot. Perte irréparable pour le Régiment. Le 15 juillet 1916, le lieutenant Colonel SCHULTZ, Commandant le 7ème Tirailleurs ».

JO du 11/8/1916 attribuant la Légion d’honneur : Rang du 7/7/1916 : n’a cessé de se faire remarquer au cours de la Campagne par son courage et l’habileté avec laquelle il a su mener à bien toutes les missions qui lui ont été confiées. Très grièvement blessé le 5/7/1916 au cours d’une reconnaissance périlleuse. Déjà 2 fois cité et 2 fois blessé.

Croix de guerre avec palme, 1 étoile en argent, 1 étoile en bronze.

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