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La vie militaire du jeune Auguste

Le livret matricule d’homme de troupe d’Auguste Marcot, consulté aux archives du Service historique de la Défense (Château de Vincennes), décrit ainsi le jeune homme :

Cheveux et sourcils bruns, yeux noirs, front ordinaire, nez petit, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, 1 mètre 74. Acuité visuelle bonne.

Degré d’instruction : sait lire et écrire

Natation : très bon nageur

Auguste fait partie de la classe 1900. En 1901, il exerce la profession de jardinier à Rosières aux Salines. Son père, Pierre Marcot, réside à Einvaux. Le jeune homme décide de s’engager pour 4 ans le 12 juin 1901 à Nancy. Il est aussitôt incorporé au 37ème Régiment d’Infanterie de Nancy.

Il gravit rapidement les échelons. De soldat de première classe, il passe caporal le 23 février 1902, puis sergent le 1er avril 1903 et sergent fourrier le 19 septembre 1904.

Il se rengage pour 3 ans à partir du 12 juin 1905, puis de nouveau pour 3 ans à compter du 12 juin 1908. Pendant quatre ans, il restera sergent fourrier de la 5ème compagnie du 2ème bataillon et préparera son examen d’entrée à l’école d’officier de Saint-Maixent.

A cette époque, cette école avait pour but de donner leurs chances aux militaires issus de milieux modestes qui n’avaient pu préparer Saint-Cyr.

Après un échec en 1907, il réussit l’examen d’entrée un an après et il est admis à l’école le 15 septembre 1908. Au bout d’un an, il sort de Saint-Maixent 12ème sur 163. Le modeste Lorrain est officier à l’âge de 26 ans.

D’après son livret militaire, il est en bonne condition physique, vue normale, constitution et santé très bonne, entraîné, résistant, très apte à faire campagne. C’est de plus un bon cavalier.

Voici le résumé des notes antérieures à l’année 1910 :

Sorti de l’Ecole de St Maixent le 1er octobre 1909 avec le N° 12 sur 163

Très bien noté à sa sortie : travailleur acharné qui s’est classé dans les premiers et qui continuera à travailler assurément parce qu’il en reconnaît le besoin. Doit faire un officier rigoureux, énergique, un officier complet – 30 octobre 1909 – Le Commandant, commandant le 47ème, A. DURAND

L’avenir s’annonce bien pour le jeune officier : il est apprécié par ses supérieurs, c’est un homme sportif, bien bâti, grand pour l’époque. Depuis deux ans, il fréquente Lucie Dupays, native de Remiremont. Il obtient sans difficulté l’autorisation de sa hiérarchie pour l’épouser.

Incorporé au 47ème régiment d’infanterie de Saint-Malo, il épouse la jeune fille  le 24 octobre 1910, à Saint-Malo, où elle s’est installée dès le début de l’année avec sa mère. Il va y rester jusqu’en novembre 1913, date à laquelle il partira au Maroc. Le jeune homme fougueux aspire en effet à une vie plus aventureuse : en 1911, parti en manoeuvres dans les Côtes du Nord, il écrit à sa femme qu’il est « absolument abruti par sa popote ».  Pourtant il « soupire après Saint-Malo ». Il y mène une vie heureuse avec sa femme et son fils, sous la protection bienveillante de sa belle-mère qu’il nomme « Maman ». Cependant, pour des raisons de carrière mais aussi certainement par goût personnel, il va prendre la décision de quitter cette vie rangée pour des horizons plus exotiques…

Avant d’aborder la période marocaine, finissons le portrait du jeune militaire par les appréciations de sa hiérarchie :

1910

1° semestre Le Sous-lieutenant Marcot est sorti de l’Ecole de St Maixent le 1er octobre 1909 avec le N° 12 sur 163. Chargé seul de l’instruction des recrues a obtenu de très bons résultats. S’annonce comme un excellent officier. A préparé plusieurs conférences avec projections et a organisé plusieurs soirées récréatives. Le Colonel A. DURAND

2° semestre Instructeur remarquable, enthousiaste, convaincu. Aime beaucoup son métier et ses subordonnés ; a un grand ascendant sur son personnel. Pendant les manœuvres, a parfaitement conduit la section. Beauoup d’entrain, très vigoureux, cet officier promet beaucoup et mérite des encouragements. Sur sa demande, a préparé les cours d’histoire et de géographie et a été un professeur très zélé. A préparé les admissibles à St Maixent pendant quelques temps et a montré du dévouement. Le Colonel A. DURAND

1911

Appréciation du Chef de corps

1° semestre Travailleur acharné, intelligent, rigoureux, ayant de l’entrain, excellent instructeur, a de l’autorité sur ses inférieurs, aime son métier. Seul officier de peloton à sa Compagnie, a excellemment secondé son Capitaine et organisé ce semestre des conférences et soirées récréatives aux soldats. Est en très bonne voie – St Malo – avril 1911 – Le Colonel du 7ème FONVILLE

2° semestre A fait les manœuvres d’automne dans une Compagnie de réservistes, la sienne ayant été maintenue en garnison pour cause d’épidémie ; y a montré de l’autorité, de l’allant, du coup d’œil, du sens tactique. A le feu sacré ; promet beaucoup – septembre 1911 – Le Colonel commandant le 7ème FONVILLE

Appréciation du Général de Brigade

Très bon officier, travailleur, intelligent et vigoureux ; s’annonce très bien.

Saint-Malo, le 20 octobre 1911, le Général GOIGOUX, Commandant la 40ème Brigade d’Infanterie.

Appréciation du Général de Division

Très bon officier, LAUREZAC

1912

Appréciation du Chef de corps

1° semestre Jeune lieutenant plein de promesses, vigoureux, entraîné, intelligent, actif, ayant de l’autorité, se donne tout à son métier. Très apprécié de son capitaine et de son chef de bataillon. A encourager et à suivre.

2° semestre Au camp de Coëtquidan et aux manœuvres d’armée de l’Ouest, a commandé sa troupe avec entrain, autorité, sens tactique et bienveillance. Sait obtenir beaucoup de ses hommes.

S’affirme de plus en plus comme un excellent officier. Très apte à tous les exercices physiques et à faire campagne

Saint-Malo, septembre 1912, le Colonel FONVILLE, commandant le 47ème 

Appréciation du Général de Brigade

Très bel officier, ayant de l’autorité, sachant se faire aimer de ses hommes, sympathique à tous.

Saint-Malo, le 20 octobre 1912, le Général GOIGOUX

Appréciation du Général de Division

Officier distingué, à suivre

St Servan, le 30 octobre 1912, le Général LAUREZAC

1913

Appréciation du Chef de corps

1°) Très intelligent, bon instructeur, aime son métier, travaille sans cesse pour agrandir ses connaissances. A de l’étoffe, du caractère et de l’autorité. Très entraîné, très apte à faire campagne.

2°) Très vigoureux, intelligent et convaincu, de tempérament très militaire, toujours en progrès, inspirant confiance à sa troupe et sachant l’entraîner. Aux manœuvres d’automne, a fait preuve d’initiative, de décision et d’énergie dans l’exécution.

Vient de produire une demande pour aller faire campagne de guerre au Maroc.

St Malo, septembre 1913 – FONVILLE

Appréciation du Général de Brigade

Excellent lieutenant, de ceux qui réussissent. Intelligent, vigoureux, énergique et passionné par le métier, il est en outre très travailleur et se préparait à l’Ecole de guerre. Il y entrera plus tard, mais actuellement, bien que marié, il a demandé à faire campagne au Maroc. S’y fera certainement apprécier.

St Malo, le 15 octobre 1913, le Général de Brigade, Général GOIGOUX

Appréciation du Général de Division

Très bel et très excellent officier. Va être affecté à un corps d’Afrique en vue de son envoi ultérieur au Maroc.

St Servan, le 30 octobre 1913, le Général JOPPE, Commandant la 20ème Division d’Infanterie.

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